Précarité et fin de vie : un droit à l’accompagnement pour tous

L’hospitalisation à domicile (HAD) à La Réunion : une prise en charge globale et humaine

Pour la première présentation, la parole a été donnée à Amandine Louaze et Arnaud Bastide, représentant l’ARAR, expert dans l’hospitalisation À domicile Ils ont ainsi pu présenter les spécificités de ce dispositif, qui propose un accompagnement complet à domicile, intégrant soins médicaux, soutien psychologique, social et spirituel. L’objectif est de permettre à la personne de rester dans un cadre familier, tout en recevant les soins nécessaires, y compris la gestion de la douleur ou l’accompagnement en soins palliatifs.

L’HAD fonctionne 24h/24, même si la présence continue d’un soignant n’est pas assurée. Un soutien est également proposé aux proches aidants, en particulier après un décès. L’intervention peut se faire au domicile de la personne, dans un foyer, chez un proche ou en structure médico-sociale. Ils ont mis en avant le fait que près de la moitié des patients pris en charge par l’ARAR relèvent d’une situation de précarité.

Cependant, certaines limites demeurent : l’HAD intervient uniquement sur prescription médicale, ce qui peut exclure des demandes d’accompagnement social ou psychologique isolé. De plus, les situations de colocation nécessitent un accord clair de la personne pour garantir le respect du secret médical. En cas de refus de soins répétés, l’équipe peut se retirer, malgré des tentatives de médiation par le biais de contrats de soins.

Le CCAS est souvent le premier point d’entrée pour les personnes en détresse sociale confrontées à un décès. L’intervention a permis de souligner la nécessité d’une meilleure information du public et des professionnels sur ces dispositifs.

Soutenir les aidants pour prévenir l’épuisement

Pour terminer la matinée, Nina Materne, psychologue à Médiaustral, a présenté les actions de la Plateforme de Répit sur le soutien aux aidants, active sur la zone Ouest (du Port à Saint-Leu). Rattachée à l’EHPAD Marie-Françoise Dupuis, elle propose un accompagnement personnalisé aux aidants (soutien psychologique et psychomoteur), lutte contre l’isolement à travers des kozés, et met en place des solutions de répit : hébergement temporaire, accueil de jour, ou relais à domicile.

La plateforme joue également un rôle d’information, en sensibilisant les aidants à leurs droits, souvent méconnus. Son objectif est de prévenir l’épuisement des aidants, qui peuvent se retrouver seuls face à une charge mentale et émotionnelle importante, surtout dans des contextes de précarité.

L’après-midi a été animé par la présentation de Chrystel Estela et Adèle Lenormand, du Collectif Les Morts de la Rue, qui ont clôturé l’évènement sur des chiffres percutants. Elles ont rappelé les objectifs du Collectif Les Morts de la Rue, qui sont de : faire savoir que vivre à la rue mène à mourir prématurément, veiller à des funérailles dignes pour toutes et tous, et accompagner les proches en deuil.

En 2023, le collectif a recensé 735 décès de personnes sans domicile ou anciennement sans abri. En 2024, 850 décès ont été comptabilisés moyen au décès est de 48 ans, et la majorité sont des hommes.

Le collectif mène un travail essentiel de veille, de documentation et d’accompagnement. Il publie des faire-part, établit une liste nationale des décès, et cherche à identifier les proches des personnes décédées.

À la Réunion, une convention est signée avec le SIAO afin de permettre de remonter les situations et d’assurer un suivi local. Depuis l’existence de ce partenariat, un meilleur recensement des personnes décédées sur le territoire et une lisibilité plus importante leur est donnée avec la participation des acteurs de l’AHI du territoire.